Einselohr-Moul et al.
Tel qu’il est défini dans le DSM-5, l’un des manuels de diagnostic médical les plus
consultés par les professionnel.le.s de santé dans le monde, le TDPM est caractérisé par la survenue cyclique de symptômes physiques et émotionnels durant la phase lutéale du cycle menstruel (c.à.d. les 14 jours précédant les menstruations). Ces symptômes ralentissent puis s’arrêtent durant la semaine suivant les menstruations.
Fort heureusement, des traitements ont été et continuent d’être proposés pour le
TDPM. Cependant, on compte parmi les obstacles au développement de solutions plus pérennes la vision réductrice qui voudrait que chaque personne atteinte ait le même trouble : les mêmes symptômes au même moment, la même réponse à tel ou tel traitement.
Pourtant, ce n’est pas ce que l’expérience clinique – le contact avec les patients – suggère.
C’est pourquoi une équipe de psychiatres de l’Université de Chicago a cherché à
savoir si plusieurs sous-catégories de TDPM pouvaient être distinguées, et si oui, à établir les leçons que la recherche pouvait en tirer. Et puisque le trouble se définit par la temporalité de l’apparition puis de la disparition des symptômes, pourquoi ne pas vérifier s’il existe des catégories temporelles au TDPM ? Pour cela, l’équipe a suivi les symptômes rapportés par 74 personnes diagnostiquées du début de la phase lutéale (14 jours avant les menstruations) jusqu’à 9 jours après le début des règles.
- Pour une majorité des personnes atteintes (65% soit 2 personnes sur 3), les
symptômes font leur apparition durant la semaine précédant les menstruations et
peuvent être considérés comme modérés. Bien sûr, ce terme à lui seul ne signifie
pas que le trouble est facile à vivre pour autant. Ce résultat suggère seulement
qu’un premier groupe de personnes peut être distingué ainsi, et qu’une majorité
des personnes atteintes de TDPM s’y trouvent probablement.
- Un second groupe, plus petit par sa taille (17,5% soit un peu plus d’une personne
sur 6) se caractérise par une expression sévère de symptômes durant l’intégralité
des deux semaines précédent les règles (la fameuse phase lutéale). Cela signifie
que ces personnes rapportent non seulement ressentir des symptômes physiques et émotionnels plus fréquemment, mais sur une durée deux fois plus longue que
celles de la première catégorie !
- Finalement, une troisième catégorie de TDPM peut être délimitée et semble à
nouveau concerner une minorité des cas (17,5%). Cette-fois, les symptômes
apparaissent durant la semaine précédant les menstruations (similaire au premier
groupe), mais sont considérés comme sévères (comme ceux du deuxième groupe).
Cependant, la spécificité de cette dernière catégorie ne s’arrête pas là, car les
symptômes exprimés par ces personnes tardent à disparaître, et cela même après
l’arrivée des règles.
Bien que davantage de recherches et de participants soient nécessaires afin d’établir ces trois catégories comme le prochain standard de la perception du TDPM, force est de constater que ce trouble est pluriel. Il se pourrait qu’en les étudiant, on découvre que différentes sources ont contribué à la survenue du TDPM pour ces différents groupes, ce qui serait une gigantesque avancée dans la compréhension de l’étiologie de la maladie – l’étude de ce qui la cause. Le même constat peut être fait en termes de traitements : reconnaître qu’il
existe différentes formes de TDPM, c’est reconnaître qu’il existera peut-être des traitements qui, à défaut d’aider toutes les personnes atteintes, n’auraient peut-être jamais vus le jour autrement. En conclusion, toutes les recherches qui nous aident à mieux comprendre le trouble sont les bienvenues !
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