Les témoignages reçus
Dans le cadre de notre démarche d'information et de sensibilisation au TDPM, nous sommes constamment à la recherche de témoignages sur le sujet !
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Vous êtes diagnostiqué.e TDPM ?
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Vous ne l'êtes pas encore mais pensez être concerné.e ?
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Vous êtes un.e proche qui soutient quelqu'un de concerné par le TDPM ?
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Vous êtes praticien.ne ?
Votre témoignage peut prendre la forme de votre choix (vidéo, texte, dessin, enregistrement audio, etc) et vous pouvez, bien entendu, aborder le sujet de votre choix en lien avec le TDPM (par exemple, la manière dont vous avez connu ce trouble, vos méthodes pour mieux vivre avec, les difficultés que ce trouble vous cause au quotidien…)
Pour témoigner, rendez-vous dans la rubrique Contact ou par DM sur nos réseaux.
Cette page est alimentée par les témoignages qui nous sont envoyés. Il s'agit de verbatim non modifiés, mais de prénoms inventés pour garantir l'anonymat.
Des témoignages sur des aspects spécifiques (travail, entourage...) sont également disponibles dans la partie Ressources en sélectionnant la catégorie "Mois thématiques".
Un très grand merci à toutes les personnes qui nous partage leurs témoignages 🙏
2024
En construction
2023 et avant
J'en ai marre de devoir me battre contre ma mère parce que, selon elle, je ne souffre pas assez physiquement et psychologiquement pour que ce soit ça...
Sacha
Au début, les symptômes étaient “plutôt” légers, mais ils n’ont fait que de s’aggraver. Et le temps que je m’en remette, je recommençais un nouveau cycle. Mon mois d’août s’est résumé à cela. Mon copain était démuni, très triste, et ne savait pas quoi faire pour m’aider. On s’est beaucoup disputés, et je m’en veux de nous faire subir cela. Même si je n’y suis pour rien, on ne mérite pas cela.
Inès
Il faut savoir que j’ai vécu une dépression (diagnostiquée) dans ma vie. Mais je l’ai vaincue, je m’en suis sortie. Je n’ai pas été diagnostiquée pour le TDPM, mais je peux assurer que cela est comparable aux pires moments dépressifs que j’ai vécu. Je pleure, je ne fais rien, je n’ai envie de rien, j’ai des sautes d’humeur incroyables et incontrôlables, je fais des crises d’angoisses. Une fois même, je me suis frappée les genoux contre le canapé pour atténuer “la douleur psychique”. Je mange un peu, et une fois que je mange, je pense à vomir. Je n’arrive pas à me concentrer, à parler, à bouger. J’angoisse, je rumine, et c’est tout. Et j’ai des idées noires. Je me sens extrêmement seule.
Amina
Cela fait plusieurs cycles que je constate un changement radical dans mon corps et dans mon esprit. Je suis sous pilule depuis plus de deux ans, et tout se passait correctement, je n’avais aucun symptôme et je pouvais dater le moment exact où j’allais avoir mes règles. Or, depuis janvier de cette année, je ressens de plus en plus des douleurs physiques, dans le bas du dos, du ventre, une fatigue intense, une grosse perte d’appétit. Au mois de mars, les douleurs étaient si fortes que je pleurais de douleur (nous avions cru qu’il s’agissait d’une endométriose, mais les examens se sont révélés négatifs). A partir de ce moment, les symptômes physiques ont commencé à diminuer, sans disparaître. Alors les symptômes psychiatriques sont entrés en jeu.
Sandrine
Quand j'ai commencé à m'intéresser au TDPM c'était pour soutenir les personnes qui en étaient atteintes et essayer de sensibiliser plus de personnes à ce trouble. Au fur et à mesure des mois, en apprenant des choses à ce sujet, j'ai fini par me rendre compte que je me sentais concernée par beaucoup de symptômes, de ressentis. J'ai réalisé le journal des humeurs afin d'avoir une vision plus concrète de mes symptômes au fil des jours. Les résultats n'étaient pas très positifs.
Il est tellement difficile de décrire ce que l'on ressent dans ces moments. C'est irrationnel, c'est incontrôlable.
Les envies suicidaires apparaissent comme ça, d'un coup, puis repartent pour revenir encore plus fortes quelques heures ou quelques jours après. Les symptômes comme la difficulté de concentration, la fatigue toujours présente, les fringales, peuvent paraître anodins mais s'accumulent et pèsent au fur et à mesure du temps. Tout ça cumulé, rend le quotidien parfois invivable, comme insurmontable. Je trouve à peine des raisons pour me lever. Puis tout d'un coup, je me sens presque normale. Pour quelques jours. Et puis ça repart. Comme un cycle sans fin.
J'avoue ne pas encore avoir trouvé de moyens d'aller mieux, mais l'association permet de savoir que l'on n'est pas seule, que l'on n'invente pas, que l'on est pas "anormale".
J'espère trouver des palliatifs qui pourront m'aider mais j'espère surtout que toutes les personnes qui peuvent être touchées par ce trouble finiront par savoir qu'elles ne sont pas seules et qu'elles peuvent se tourner vers l'association, vers leurs proches pour essayer d'aller mieux.
C'est une bataille, de tous les jours, mais nous survivrons.
Amandine
J9... Il est là, régulier, il s'installe, prend toute la place. Je le sens par ces pensées négatives, souvent les mêmes : "tu n'y arriveras jamais"; Par ces jugements : "tu es nulle, tu es moche.. " Je le sens par ces interprétations négatives face aux paroles, aux comportements des autres. Je le sens par l'énergie qui manque, par les pleurs et la souffrance, par l'envie de ne plus être...
Une fois par mois et pendant 9 jours...
Sauf que maintenant, même si c'est douloureux, je me répète : "TDPM, je sais aujourd'hui qui tu es et je sais que tu ne me définis pas. j'en parlerai autour de moi pour que chaque personne que tu impactes, te voit et te reconnaisse, pour que chaque personne te comprenne, me comprenne, nous comprenne.
Léa
Hier je pleurais car ça faisait déjà 15 jours que j'étais en plein TDPM à me dire "je veux que ma période arrive" car je sais que dès le premier saignement je suis soulagée physiquement de pas mal de symptômes... Mais malgré ça mentalement c'est beaucoup plus long que le physique à se calmer...
Valentine
Aujourd'hui, ça va mieux, même si bien sûr je ne suis pas "guérie". Je dirais que ce sont le sport et la thérapie qui m'ont beaucoup aidée au quotidien. Le sport canalise l'énergie et le mal-être, et la thérapie m'aide à défaire les noeuds qui sont souvent à l'origine des crises que j'ai pu traverser chaque mois.
Stéphanie
Depuis un moment, à chaque arrivée de cycle, donc environ 4 jours avant l'arrivée de mes règles, une humeur déprimée me tombe dessus sans raison, une impression d'être surmenée alors qu'il n'y a aucun évènement en particulier dans ma vie à ce moment-là. Je me remets énormément en question, rien n'a vraiment de sens et je pourrais abandonner tout ce que j'entreprends car je n'y vois plus l'intérêt, je déteste littéralement ce qui au quotidien sont mes passions. Ce désintérêt peut me donner des envies de mettre fin à ma vie.
Je reste la plupart du temps dans mon lit et je suis très irritable. Je vais avoir des conflits avec des personnes avec qui je m'entends très bien le reste du temps. J'ai ajouté à ça des idées très noires qui prennent le dessus sur ce que je suis censée faire (me lever, étudier, voir des ami.e.s...).
Et il y a des maux de têtes qui augmentent en intensité pendant les 4 jours jusqu'au moment des règles.
Ces symptômes affectent vraiment mon quotidien, je sais que les règles peuvent modifier l'humeur de la plupart d'entre nous et que ce n'est pas une période facile.
Le fait est que ça devient insupportable pour moi et même si mon entourage est bienveillant, je culpabilise du comportement que j'ai, de mes réactions impulsives, de mes prises de décisions.
Je peux par exemple mettre un terme à une relation qui m'est chère pendant cette période, en étant persuadée que c'est la meilleure chose à faire. Et pourtant je sais que c'est cyclique mais sur le moment rien ne me raisonne vraiment. Je me sens vraiment être une autre personne.
Je tiens à préciser qu'une heure après l'arrivée des règles je suis à nouveau "moi-même" comme si je reprenais mes esprits et je prends du recul sur les jours précédents. C'est ce qui caractériserait ce syndrome ; ce changement immédiat. Il ne s'agit donc pas d'une humeur ou d'un comportement qui s'amplifie mais bien d'un changement. Et pourtant, les autres semaines du mois je suis extrêmement motivée avec des coups de mous comme tout le monde, j'ai envie de faire énormément de choses et j'ai vraiment la joie de vivre globalement. Je suis super épanouie dans ce que je fais et je suis vraiment bien entourée.
J'ai contacté une médecin en pensant que c'était à cause de ma pilule, car c'est vraiment toujours 4 jours avant mes règles. Elle m'a conseillée d'arrêter en disant que c'était probable ; mais quelques jours après en faisant quelques recherches je suis tombée sur le TDPM. Je me reconnais dans tous les critères diagnostiques et j'ignorais l'existence d'un tel syndrome.
Karine
J'ai vu un film d'horreur ce week-end. C'est l'histoire d'un psychopathe qui décide de prendre pour cible une fille. Pendant 5 jours, il va lui faire vivre les pires horreurs. Physiquement, il va l'épuiser et l'empêcher de dormir. Du coup, elle va être dans un état second, d'hébétude. Mais c'est psychologiquement qu'il préfère s'acharner. Il va lui faire revivre tous les pires souvenirs de sa vie. Pas en lui montrant, mais en lui faisant revivre de l'intérieur. Il va lui faire ressentir ses pires angoisses, ses pires peurs. Elle va les vivre comme si tout était réel.Il va la dévaloriser, elle va être persuadée de ne mériter personne autour d'elle, de ne pas mériter d'être en vie.Si la douleur mentale pouvait se mesurer de 1 à 10 comme la douleur physique, elle serait à 10. Cette douleur est insupportable. Il lui faudrait de la morphine à haute dose. Comme elle n'en a pas, elle prend de la bouffe et de l'alcool qu'elle engouffre vite pour tenter de s'anesthésier le cerveau. Mais ce n'est qu'un leurre. Le psychopathe laisse sortir la fille, elle peut être avec sa famille. Mais quand elle est avec ses proches, elle est léthargique, le regard dans le vide et le visage triste. Elle fait peur à ses enfants et agace son mari. Elle se sent tellement seule...Elle se réfugie dans sa chambre, dans le noir. Obligée de se terrer comme un coupable alors que c'est elle la victime. Pointée du doigt alors que, au contraire, son entourage devrait être fier d'elle car en ce moment, elle est en train de se battre pour eux. De se battre contre la mort comme une lionne. Pour eux. De se battre contre ce psychopathe, seule, dans le noir. Quand elle est seule, c'est tellement pire... Elle se retrouve face à ses pensées les plus sombres, les plus noires. Elle ressasse encore et encore les pires souvenirs de sa vie, ses traumatismes les plus forts, ses angoisses les plus profondes... Elle est tellement fatiguée, elle a des vertiges, la tête qui tourne en permanence. Elle a l'impression qu’elle peut s'évanouir à chaque instant. Tellement fatiguée.
L'envie de mourir est si forte, elle a envie que ça s'arrête. Elle ne peut plus supporter ces horreurs.Au bout de 5 jours, elle est à bout de force, elle va lâcher nerveusement. Mettre fin à ses jours pour arrêter cette souffrance insupportable. Elle doit lutter de plus en plus fort contre cette pensée. C'est à ce moment-là que le psychopathe décide de la laisser tranquille, comme ça, sans condition. Elle court, elle se rend compte que toutes les angoisses, toutes les peurs, tous les sentiments de doute s'envolent dès qu'elle s'éloigne de lui.Elle pense reprendre le cours de sa vie. Mais comment faire comme si de rien n’était ? Elle vient de vivre un tsunami intérieur, une tempête a fait rage à l'intérieur de sa tête pendant 5 jours. Tout est dévasté. Sa confiance en soi est ravagée, l'estime de soi est réduite en miette. Son entourage a perdu foi en elle et elle a perdu foi en l'avenir.Dans ce film d'horreur, on voit la pauvre fille blessée à l'âme, pommée en plein milieu de la route, libre.Elle se retourne une dernière fois vers le psychopathe.C'est là qu’elle le voit faire un clin d'œil et elle lit sur ses lèvres "à dans un mois". Elle n'en croit pas ses yeux. Elle pense vaguement qu'il la fait juste flipper. Mais au fond d'elle, elle sait que c'est vrai. Qu'il va revenir, qu'il va lui faire revivre tout ça. Elle se sent comme une petite fille orpheline qui a perdu tout repère. Elle se roule en boule et elle attend, tétanisée. Car elle sait que le psychopathe reviendra. A la dernière image du film, la fille comprend que le psychopathe, c'est elle, c'est son cerveau. Ou c'est le Trouble Dysphorique Menstruel. Elle vient d'apprendre ce mot. Folle ou malade, elle hésite encore.
Lydie