Skrzypulec-Plinta, V., Drosdzol, A., Nowosielski, K. & Plinta, R. (2010). The complexity of premenstrual dysphoric disorder – risk factors in the population of polish women, Reproductive Biology and Endocrinology, 8 (141), p. 1-6.
Contexte
La plupart des femmes éprouvent une variété de symptômes physiques, comportementaux et émotionnels durant la phase lutéale de leur cycle menstruel. Les symptômes comprennent la léthargie, une irritabilité persistante, des sautes d’humeur, des changements d’appétit, ballonnement, acné et sensibilité des seins. Plus de 70% des femmes sont affectées par des troubles menstruels chaque année. Cependant aucune étiologie définitive n’a été établie. Des fluctuations d’œstrogène et de progestérone, ainsi que la génétique (variation du récepteur de l’œstrogène) ou des facteurs neurobiologiques jouent un rôle important dans la symptomatologie prémenstruelle.
Les symptômes prémenstruels sont définis par rapport à leur type, leur sévérité et leur durée. Ils peuvent être limités à un léger inconfort ou s’étendre au syndrome prémenstruel (SPM). Selon le degré de symptômes émotionnels et somatiques, ils peuvent même impliquer un trouble dysphorique prémenstruel (TDPM).
Le TDPM a très probablement de multiples déterminants dans le domaine biologique, psychologique et socio-culturel. Certains des facteurs de risque potentiels actuellement étudiés sont : la qualité des relations interpersonnelles et la coopération, l’estime de soi, l’attention et la perception des symptômes prémenstruels, le stress, les facteurs socio-économiques (état civil, ethnie, occupation et profession), les facteurs biologiques (durée des règles, grossesses) et facteurs liés au mode de vie (notamment habitudes alimentaires, exercice physique, stimulations et contraceptifs oraux).
L’objectif de cette étude est d’évaluer les facteurs de risque de TDPM chez les femmes polonaises, en considérant leur historique reproductif (ménarche, antécédent de grossesses, accouchements, fausses couches, allaitement), les facteurs socio-économiques (âge, lieu de résidence, éducation, statut de travail, type de travail, état civil) ainsi que le mode de vie et les facteurs liés à la santé (activité physique, fumeur (et depuis quand), nombre de cigarettes par jour, consommation d’alcool et IMC).
Méthodes
L’étude de population a porté sur 2500 femmes, âgées de 18 à 45 ans, de la région de Haute-Silésie en Pologne. Les critères d’inclusion étaient une bonne santé générale, euménorrhée (menstruation survenant tous les 28 jours ± 4 jours et durant environ 5 jours, avec une perte physiologique d’approximativement 30-70 ml de sang), fonctions normales du système reproductif, âge de procréer (18-45 ans), absence de troubles mentaux et consentement éclairé. Les critères d’exclusion étaient : la présence de troubles systémiques généraux (diabètes, hypothyroïdie, troubles convulsifs, anémie, maladies auto-immunes, endométriose, syndrome de fatigue chronique, fibromyalgie, maladie vasculaire du collagène, syndrome du côlon irritable et œdème cyclique idiopathique), endocrinopathie affectant le cycle menstruel et la sexualité (comme le syndrome des ovaires polykystiques), dépression passée ou présente, antécédents de troubles paniques, de dysthymie, de maladie bipolaire, de troubles personnels, d’utilisation de médicaments affectant la sexualité (antidépresseurs, benzodiazépines, antipsychotiques), utilisation de contraceptifs hormonaux et manque d’activité sexuelle.
Sur les 2500 femmes, 1540 femmes correspondaient aux critères d’inclusion. Le questionnaire était composé de 4 parties : la première sur le statut socio-économique, la deuxième sur la santé générale, la troisième sur les critères standardisés pour le TDPM selon le DSM-IV et la dernière partie sur l’échelle de sévérité de ces symptômes. Elles devaient le remplir pendant deux cycles menstruels complets, tous les jours. Les parties 1 à 3 étaient remplies une fois, à la fin de l’étude.
Selon l’Association Américaine de psychiatrie (APA), les critères du TDPM exigent que cinq ou plus des symptômes suivants se présentent avant la menstruation : humeur dépressive ou dysphorie, anxiété ou tension, labilité affective, irritabilité, diminution de l’intérêt pour les activités habituelles, difficultés de concentration, manque d’énergie marqué, changement d’appétit marqué, excès alimentaires ou fringales, hypersomnie ou insomnie, se sentir submergé et autres symptômes physiques tels qu’une sensibilité des seins, des ballonnements. Au moins un de ces symptômes doit être un symptôme thymique c’est-à-dire : humeur dépressive ou dysphorie, anxiété ou tension, labilité affective ou irritabilité.
Le groupe de référence, conformément à d’autres publications, englobaient des femmes qui : sont seules, pas active physiquement, non fumeuses, non consommatrices d’alcool, âgés de 18 à 25 ans, vivant dans une zone rurale, avec un enseignement primaire/professionnel, avec un travail physique/manuel.
Résultats
La prévalence du TDPM dans cette recherche est de 2.1%.
Dans la première étape, le mode de vie, les variables socio-économiques et reproductives ont été évalués en tant que facteurs de risque potentiels pour le TDPM. L’analyse a révélé que les personnes divorcées, vivant dans une grande ville, fumeuses et consommatrices d’alcool ont 2.68 ; 4.11 ; 2.29 ; 2.33 et 2.66 fois plus susceptibles de souffrir du TDPM par rapport au groupe de référence. Les femmes diplômées de l’enseignement supérieur et les « cols blancs » étaient moins susceptibles d’éprouver le TDPM par rapport au groupe de référence. L’âge n’a pas d’influence.
Discussion
La prévalence du TDPM rapportée dans la littérature varie de 1.2% à 31% selon la méthodologie.
De nombreuses recherches ont montré le lien entre les facteurs socio-économiques, biologiques, culturels et le mode de vie et le TDPM.
Adewuya et al. Ont reporté que les femmes âgées et les femmes ayant un niveau d’éducation souffrent plus fréquemment du TDPM en comparaison aux résultats de cette étude. Des résultats similaires ont été retrouvés dans l’étude de Wittchen et al.
Freeman et al. Et Woods et al. Ont trouvé qu’un plus jeune âge était associé avec des symptômes plus sévères du TDPM.
Cohen et al. Ont revendiqué que les femmes atteintes du TDPM avaient tendance à avoir un niveau d’éducation inférieur.
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