Rapkin, Korotkaya & Taylor
Dans la mesure où le TDPM est étroitement lié au cycle menstruel, il est évident qu’il
touche des personnes en âge de se reproduire. Autrement-dit, des personnes qui pourraient souhaiter adopter une méthode contraceptive. Seulement, on sait depuis le début des années 2000 que le trouble dépend fortement de la physiologie hormonale (Backstrom et al., 2003).
Cela signifie que les traitements contraceptifs peuvent avoir des conséquences salvatrices ou bien désastreuses en fonction de la manière dont ils interagissent avec le TDPM et ses symptômes. Face à ces interactions complexes, trois chercheuses de l’université de Californie ont cherché à comprendre comment aider les personnes atteintes à naviguer au mieux les différentes solutions contraceptives disponibles en fonction de leurs objectifs (contraception, traitement du TDPM ou bien les deux).
Leur panorama de la littérature établit que ces solutions sont loin d’être égales entre elles dès qu’on s’intéresse à leur impact respectif sur les personnes atteintes de TDPM.
Toutefois, elles insistent sur le fait que le régime contraceptif de chaque personne reste à déterminer au cas-par-cas et dans le cadre d’un suivi avec un.e professionnel.le de santé.
Leur article ne fait que donner des recommandations générales qui peuvent faire l’objet d’une discussion avec le médecin traitant ou le gynécologue, le cas échéant, afin de trouver le traitement le plus adapté.
Directement traduit de leur article, le graphique suivant reprend leurs conclusions :
■ Les pilules contraceptives combinées comme première ligne de défense
Pour les personnes cherchant à la fois un effet contraceptif et un potentiel effet bénéfique sur les symptômes du TDPM, les recherches les plus prometteuses indiquent que les pilules contraceptives combinées (notamment celles alliant l’éthinylestradiol – un œstrogène – et la drospirénone – une molécule produisant des effets similaires à la progestérone) seraient les plus efficaces. Si d’autres pilules existent, il n’y a pas encore assez de recherches à leur sujet pour conclure à une efficacité similaire.
Quel que soit le choix effectué en accord avec un.e professionnel.le de santé, les chercheuses rappellent qu’un suivi rapproché est important durant les premiers mois suivant le changement de régime contraceptif. Elles indiquent également qu’une aggravation initiale des symptômes peut parfois survenir, mais être suivie des effets attendus (notamment la réduction des effets du trouble sur l’humeur).
■ Les méthodes progestatives peuvent avoir des effets négatifs sur l’humeur
Sous forme de pilule ou autre (implants sous-cutanés, injections), les méthodes contraceptives reposant uniquement sur la progestérone et ses dérivés semblent avoir des effets négatifs sur l’humeur des personnes les utilisant, c’est pourquoi les chercheuses ne les recommandent pas nécessairement. Toutefois, en fonction d’indications particulières ou des préférences de la personne traitée, ces solutions peuvent être envisagées dans le cadre d’un suivi très rapproché.
■ Les dispositifs intra-utérins. Puisque certaines personnes ne peuvent pas utiliser de traitement contenant des œstrogènes ou préfèrent simplement des méthodes agissant à plus long-terme et sans prise quotidienne, les dispositifs contraceptifs intra-utérins (DIU, généralement en cuivre) sont aussi à considérer. Toutefois, les chercheuses indiquent que si les bénéfices non-contraceptifs sont d’importance pour la personne traitée (des règles moins douloureuses et abondantes), les DIU utilisant le lénovorgestrel (LNG) sont recommandés – toutefois, les conséquences sur l’humeur dues à cette hormone doivent être prises en compte.
En conclusion, il est pertinent et utile d’engager avec les professionnel.le.s de santé une réflexion commune sur les dispositifs adaptés aux personnes atteintes de TDPM en termes de désirs de contraception mais aussi vis-à-vis de l’interaction de ces solutions avec le trouble.
Comments